Another Day

au lieu de sortir

je m’assois

fixe le bois franc

de mes yeux gonflés

de longues minutes

mes draps sont encore tachés

de ma dernière bonne baise

les yeux fermés

je rêve

fais couler un bain

m’y allonge

mon corps trop grand

mes mains ne sont pas les miennes

tremblent

jurent trop

ça ne peut pas être mes mains

du liquide chaud coule

sur mes joues

réussis à me sortir

de mon corps trop grand

le miroir

me crache l’image

d’une inconnue

aux cernes trop creux

parfumée à l’envie de mourir

et au miel

 

réveil soudain

ciel gris

peut-être bleu

des microorganismes poussent

au fond des tasses de café

encore à moitié pleines

et décorent

les comptoirs sales

de mon one bedroom

qui sent presque aussi pire

que mes idées malades

Quand le corps se détache de soi et que l’espace nous fuit.

Référence bibliographique

Monica Bolduc, « Another Day », Dead End, Éditions Perce-Neige, 2017, p. 64-65. 

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